mercredi 20 janvier 2010

Danielle Bleitrach dénonce "les errances antisémites" de Jean Bricmont

"Etre publié dans Grand Soir n’a rien de déshonorant même si on y trouve les errances antisémites d’un Bricmont, il en a dupé bien d’autres." (Danielle Bleitrach)

Même en étant désaccord total avec les positions radicalement anti-israéliennes de la sociologue communiste française Danielle Bleitrach, on ne peut que partager ses préventions, qu'elle exprime avec beaucoup de dignité, sur certaines dérives préoccupantes de Jean Bricmont, professeur à l'Université catholique de Louvain et conférencier invité du Centre d'Action Laïque (voir Maison de la Laïcité Hypathia).  Ces préventions sont également partagées par Jean-Yves Camus (La vraie histoire du site Tout sauf Sarkozy, Libération, 21/05/2007). 

Texte repris du blog de l'auteur  (Percevoir une grange qui brûle – le cimetière de Jedwabne par Maciej Forycki, 17/05/2009)

"Voici l’article d’un scientifique dans un colloque qui a eu lieu à Bucarest sur "expérience et mémoire". Au-delà de cette histoire à tiroir du négationnisme polonais, il est clair que je suis impliquée et pas seulement en tant que sociologue. En fait, je ne décolère pas au fur et à mesure que je découvre l’hypocrisie, la haine qui s’entretient sous couvert de la défense d’une cause que je partage. Le négationnisme d’un Dieudonné fleurit selon moi sur la complicité des "voisins", avec l’appui des espèces d’ordures qui ces derniers temps ne cessent de répéter sur un ton faux cul : "comment les juifs qui ont subi les crimes nazis peuvent-il agir comme les nazis ?" Cette phrase est une ignominie de quelque côté qu’on la prenne et ceux qui la prononcent ne s’en rendent même pas compte. Elle me donne envie de répondre "espèce d’hypocrite, les juifs t’emmerdent!".  "Vous n’avez pas honte vous les juifs?"  De quoi d’avoir été torturés, humiliés, massacrés et que certains d’entre nous soient désormais comme vous , comme les gohims le sont depuis 2000 ans avec l’apothéose nazi, la cerise sur le gâteau? Allez jusqu’au bout, soyez enfin honnêtes avec vous mêmes, pourquoi ne pas féliciter le type qui à lui seul a tué 29.000 juifs, un bienfaiteur de l’humanité n’est-ce pas ?

C’est dans le fond la position d’un [Jean] Bricmont qui vient encore de « commettre » un texte dans lequel il revient à son antienne favorite, son unique idée: "il faut libérer l’occident de sa crainte d’être accusé d’antisémitisme", que Bricmont se rassure, nul ne songera à croire qu’il est encombré de ce point de vue, ce n’est pas lui qui sentira jamais l’odeur des corps qui brulent et la défense de la Palestine n’est pour que lui que l’occasion d’étaler ses obsessions. Les rapports de force dans le monde, les opportunités, rien ne l’intéresse, il n’y a que l’antisémitisme, la nécessité de sa banalisation pour libérer l’humanité. Le gouvernement israélien est d’abord pour lui juif comme pour Liberman et Dieudonné. Tant que l’on n’aura pas le courage de voir que ces gens disent la même chose on n’avancera pas parce que l’on ne comprendra pas que les camps se reforment sur la même base, celle qui vise toujours et encore en temps de crise à transformer l’impérialisme, le capitalisme en problème racial, à développer "la haine du voisin". Il y a désormais un antisémitisme qui se veut de gauche mais qui fournit à l’extrême-droite israélienne sa meilleure justification. Que l’on ne croit pas que ce qui me révolte est mon origine juive, ces gens là m’écoeureraient encore plus s’ils prétendaient utiliser la mémoire de l’esclavage ou les massacres de Sétif et de Tannanarive pour développer la haine d’un groupe social quel qu’il soit. Aujourd’hui personne n’ose protester quand on en arrive à l’infamie d’oser rendre les déportés coupables et quand l’on dit que le remède est dans l’oubli de ce qu’ils ont vécu en les mettant à part de l’humanité, comme si ce qui arrivait à un juif ne concernait pas la dite humanité… Imaginez la même démonstration sur les nègres, les chinois (nous y sommes presque), les musulmans et dite vous bien que c’est là où des "défenseurs des Palestiniens" veulent nous entraîner, mais comme le racisme ne se divise pas, ces types là oeuvrent pour faire avancer pour tous une solution à la Jedwabne.

Il ne s’agit pas pour moi de tenter de réquilibrer les crimes commis à Gaza par le souvenir de ce qui a été subi par les juifs pendant 2000 ans et qui est illustré par cet atroce pogrom de 1941, rien ne justifie le crime surtout pas d’avoir été victime." La suite ...

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1 commentaire:

  1. Les sionistes ont imposé l’équation antisionisme = antisémitisme. Cela est fâcheux, puisque c’est la base des pratiques inquisitoires du néo-maccarthysme sioniste … Mais on prendra alors acte du fait que toute opposition au sionisme relève de l’antisémitisme …

    Cependant, à un autre niveau, ce glissement sémantique nous permet par ailleurs de ne pas hiérarchiser le racisme, qui consiste objectivement à classer les Humains dans des catégories de races. Si le sionisme est une auto-racialisation, on peut en conclure qu’il se constitue dans ses fondements ontologiques en tant que racisme. Etre antiraciste implique donc d’être antisioniste … ou « antisémite » suivant la nouvelle définition de ce terme.

    Yves Claudé
    ycsocio[@]yahoo.ca
    30 janvier 2009

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