mercredi 4 novembre 2009
Véronique de Keyser: "Barrière de sécurité" et camps de concentration: à méditer par deux prélats allemands
"Barrière de sécurité" et camps de concentration: à méditer par deux prélats allemands
Malgré son ancienneté, il a paru utile, dans le contexte d'une aggravation des calomnies répandues sur les Juifs et sur Israël - et surtout après la déclaration récente d'évêques allemands, de retour d'une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens, de remettre en course ce remarquable article. Je le compléterai incessamment de références complémentaires qui illustreront les affaires et articles auxquels ce texte fait allusion. (Menahem Macina).
Voir : "L’ambassadeur israélien critique les amalgames des évêques catholiques".
Le 23 février 2004, Véronique de Keyser, parlementaire européen socialiste, de retour de Cisjordanie en tant que membre d’une délégation européenne en mission d’observation d’une durée de trois jours, concernant ce qu’on appelle, abusivement, le « mur » de sécurité israélien[i], a déclaré à la RTBF 1 que ce « mur » n’était pas un mur de sécurité mais un mur de l’apartheid, et a affirmé et répété sans ciller que l’impression qu’il donnait était celle d'un camp de concentration. Depuis, aucune réaction, aucun commentaire dans les médias concernant ces propos. Un article d’Agnès Gorissen, paru dans Le Soir du 26 février, relate bien qu’un voyage de dix parlementaires européens a eu lieu du 19 au 22 février mais il ne cite pas les mêmes propos que ceux entendus lors du JT de 19h30 du 23 février. Il se contente de mettre en parallèle, la fin des audiences relatives à la « clôture antiterroriste » en cours de construction par Israël à la Cour Internationale de Justice de La Haye, et des propos choisis de quelques-uns des euro-députés envoyés quelques jours auparavant, pour une mission d’observation concernant cette même construction, dont des propos de Véronique de Keyser. Ceux-ci, s’ils n’évoquent plus explicitement les camps de concentration et l’apartheid, sont plus subtils en ce qu’ils gardent un champ lexical y faisant néanmoins référence, permettant à l’eurodéputée d’accuser Israël de crime contre l’humanité, par le truchement d’un vocabulaire afférent et, évidemment, à forte charge émotionnelle. Etonné de cette absence de réactions, j’ai décidé d’écrire un texte afin, non seulement de condamner les propos de Véronique de Keyser, mais aussi d’analyser brièvement certains de leurs aspects et implications. Néanmoins, je tiens à préciser que le texte qui suit n’a aucunement la prétention ou la volonté d’argumenter pour ou contre la barrière de sécurité israélienne. Enfin, ce texte n’a pas non plus pour but d’expliquer un conflit vieux de plusieurs décennies.
Tout d’abord, il convient de relever qu’à aucun moment Véronique de Keyser n’a affirmé la présence avérée de camps de concentration où seraient enfermés les Palestiniens. Elle s’est « contentée » de faire une comparaison entre la construction israélienne et des camps de concentration, à partir de ce qu’elle nomme une impression : « les murs sont équipés de caméras de surveillance, il y a, tous les « x » mètres, des miradors avec des soldats qui surveillent là où il n’y a pas de mur de béton, il y a des barbelés et on a vraiment l’impression de camp de concentration ». Elle part donc d’une description personnelle de la construction litigieuse, en choisissant ses mots, pour aboutir à l’identification à des camps de concentration, celle-ci appartenant au monde de l’imaginaire et non de la réalité objective, le mot impression étant là pour nous le rappeler. S’il s’agit d’un témoignage, il faut donc bien garder à l’esprit qu’il ne peut s’agir d’un témoignage de faits mais d’un témoignage d’impressions… à supposer qu’on inscrive de tels propos dans une quelconque forme de parallélisme avec une démarche juridique, bien sûr. Plus généralement, on peut s’étonner du fait qu’un membre d’une commission européenne d’observation a évoqué les résultats de sa mission d’une manière si peu rigoureuse. Peut-être est-on en droit de s’attendre à des propos où la recherche de factualité et de données objectives primerait sur le défoulement de l’imaginaire. Question de déontologie et de rapport à ses responsabilités politiques sans doute, j’y reviendrai.
Remarquons également qu’en fait d’observation, les propos de Véronique de Keyser n’ont porté étrangement que sur une partie de la question. En effet, si, l’on en croit cette interview, seul l’aspect « palestinien » du problème a été pris en compte. Doit–on comprendre que l’observation a été « ciblée » et si c’est le cas, pourquoi ? Y avait-il un but politique quelconque à ignorer les causes qui ont amené les Israéliens à édifier cette construction dont ils rappellent (à qui ne veut pas les entendre !) qu’elle a une vocation strictement défensive ? Doit-on penser que les Israéliens ne ressentent pas la tristesse, le désarroi, la peur ou la souffrance mais que seuls les Palestiniens peuvent ressentir ces sentiments ?
Toutefois, penchons-nous sur la « description » de la construction israélienne que nous livre Véronique de Keyser. Car c’est bien par là qu’elle commence, dans ses propos, pour justifier l’utilisation qu’elle fait de l’expression « camp de concentration ».
Manifestement, elle ne trouve pas l’ouvrage particulièrement joli. Esthétiquement, elle le charge même d’une valeur fortement négative. A l’écouter, son architecture au postmodernisme douteux traduirait une tendance nihiliste particulièrement accentuée, mêlée étrangement au caractère brutalisant d’une culture industrielle et… militariste évidemment ! Au risque d’assener le coup de grâce au moral artistique de notre brave Véronique et de la plonger définitivement dans les méandres de la mélancolie dépressive, il n’y a pas besoin d’aller si loin pour voir de tels ouvrages bafouer les règles de l’art. Il suffit pour cela de se rendre sur une de nos nombreuses bases militaires car on y voit à peu près la même chose : ce n’est pas plus accueillant. Mais le problème n’est pas d’ordre esthétique pour Véronique de Keyser. Serait-il alors d’ordre éthique et politique ? Car elle a bien parlé de camps de concentration !
Lire la suite ICI
Malgré son ancienneté, il a paru utile, dans le contexte d'une aggravation des calomnies répandues sur les Juifs et sur Israël - et surtout après la déclaration récente d'évêques allemands, de retour d'une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens, de remettre en course ce remarquable article. Je le compléterai incessamment de références complémentaires qui illustreront les affaires et articles auxquels ce texte fait allusion. (Menahem Macina).
Voir : "L’ambassadeur israélien critique les amalgames des évêques catholiques".
Le 23 février 2004, Véronique de Keyser, parlementaire européen socialiste, de retour de Cisjordanie en tant que membre d’une délégation européenne en mission d’observation d’une durée de trois jours, concernant ce qu’on appelle, abusivement, le « mur » de sécurité israélien[i], a déclaré à la RTBF 1 que ce « mur » n’était pas un mur de sécurité mais un mur de l’apartheid, et a affirmé et répété sans ciller que l’impression qu’il donnait était celle d'un camp de concentration. Depuis, aucune réaction, aucun commentaire dans les médias concernant ces propos. Un article d’Agnès Gorissen, paru dans Le Soir du 26 février, relate bien qu’un voyage de dix parlementaires européens a eu lieu du 19 au 22 février mais il ne cite pas les mêmes propos que ceux entendus lors du JT de 19h30 du 23 février. Il se contente de mettre en parallèle, la fin des audiences relatives à la « clôture antiterroriste » en cours de construction par Israël à la Cour Internationale de Justice de La Haye, et des propos choisis de quelques-uns des euro-députés envoyés quelques jours auparavant, pour une mission d’observation concernant cette même construction, dont des propos de Véronique de Keyser. Ceux-ci, s’ils n’évoquent plus explicitement les camps de concentration et l’apartheid, sont plus subtils en ce qu’ils gardent un champ lexical y faisant néanmoins référence, permettant à l’eurodéputée d’accuser Israël de crime contre l’humanité, par le truchement d’un vocabulaire afférent et, évidemment, à forte charge émotionnelle. Etonné de cette absence de réactions, j’ai décidé d’écrire un texte afin, non seulement de condamner les propos de Véronique de Keyser, mais aussi d’analyser brièvement certains de leurs aspects et implications. Néanmoins, je tiens à préciser que le texte qui suit n’a aucunement la prétention ou la volonté d’argumenter pour ou contre la barrière de sécurité israélienne. Enfin, ce texte n’a pas non plus pour but d’expliquer un conflit vieux de plusieurs décennies.
Tout d’abord, il convient de relever qu’à aucun moment Véronique de Keyser n’a affirmé la présence avérée de camps de concentration où seraient enfermés les Palestiniens. Elle s’est « contentée » de faire une comparaison entre la construction israélienne et des camps de concentration, à partir de ce qu’elle nomme une impression : « les murs sont équipés de caméras de surveillance, il y a, tous les « x » mètres, des miradors avec des soldats qui surveillent là où il n’y a pas de mur de béton, il y a des barbelés et on a vraiment l’impression de camp de concentration ». Elle part donc d’une description personnelle de la construction litigieuse, en choisissant ses mots, pour aboutir à l’identification à des camps de concentration, celle-ci appartenant au monde de l’imaginaire et non de la réalité objective, le mot impression étant là pour nous le rappeler. S’il s’agit d’un témoignage, il faut donc bien garder à l’esprit qu’il ne peut s’agir d’un témoignage de faits mais d’un témoignage d’impressions… à supposer qu’on inscrive de tels propos dans une quelconque forme de parallélisme avec une démarche juridique, bien sûr. Plus généralement, on peut s’étonner du fait qu’un membre d’une commission européenne d’observation a évoqué les résultats de sa mission d’une manière si peu rigoureuse. Peut-être est-on en droit de s’attendre à des propos où la recherche de factualité et de données objectives primerait sur le défoulement de l’imaginaire. Question de déontologie et de rapport à ses responsabilités politiques sans doute, j’y reviendrai.
Remarquons également qu’en fait d’observation, les propos de Véronique de Keyser n’ont porté étrangement que sur une partie de la question. En effet, si, l’on en croit cette interview, seul l’aspect « palestinien » du problème a été pris en compte. Doit–on comprendre que l’observation a été « ciblée » et si c’est le cas, pourquoi ? Y avait-il un but politique quelconque à ignorer les causes qui ont amené les Israéliens à édifier cette construction dont ils rappellent (à qui ne veut pas les entendre !) qu’elle a une vocation strictement défensive ? Doit-on penser que les Israéliens ne ressentent pas la tristesse, le désarroi, la peur ou la souffrance mais que seuls les Palestiniens peuvent ressentir ces sentiments ?
Toutefois, penchons-nous sur la « description » de la construction israélienne que nous livre Véronique de Keyser. Car c’est bien par là qu’elle commence, dans ses propos, pour justifier l’utilisation qu’elle fait de l’expression « camp de concentration ».
Manifestement, elle ne trouve pas l’ouvrage particulièrement joli. Esthétiquement, elle le charge même d’une valeur fortement négative. A l’écouter, son architecture au postmodernisme douteux traduirait une tendance nihiliste particulièrement accentuée, mêlée étrangement au caractère brutalisant d’une culture industrielle et… militariste évidemment ! Au risque d’assener le coup de grâce au moral artistique de notre brave Véronique et de la plonger définitivement dans les méandres de la mélancolie dépressive, il n’y a pas besoin d’aller si loin pour voir de tels ouvrages bafouer les règles de l’art. Il suffit pour cela de se rendre sur une de nos nombreuses bases militaires car on y voit à peu près la même chose : ce n’est pas plus accueillant. Mais le problème n’est pas d’ordre esthétique pour Véronique de Keyser. Serait-il alors d’ordre éthique et politique ? Car elle a bien parlé de camps de concentration !
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