mercredi 4 novembre 2009

Réaction de l’ambassade d’Israël aux propos de Mme De Keyser, P.S.

Source: UPJF

Réaction de l’ambassade d’Israël aux propos de Mme De Keyser (LB du 10 nov. 06)
Ce texte a été publié, sous le titre "Spéculations", en page 43 de "La Libre Belgique" du mercredi 15 novembre 2006. Il faut savoir gré à la porte-parole de l'ambassade d'avoir dit son fait à la députée socialiste, sans langue de bois, mais également avec le calme et la réserve qui siéent à une diplomate. [Menahem Macina].

16/11/06
L’article d’opinion [de Mme De Keyser *], paru dans La Libre Belgique du vendredi 10 novembre, m’a interpellée. Non pas en raison de sa conclusion - une fois de plus, un appel à un gel des accords de coopération avec Israël [1] -, mais plutôt par les intentions prêtées à Israël et s’apparentant à une conspiration.

Commençons par le titre, choisi, d’ailleurs, par la rédaction, et qui met en avant une "erreur" de tir israélien [2]. Israël a regretté cette tragédie et une commission d’enquête a été mise en place. En mettant le qualificatif d’erreur entre guillemets, la rédaction de La Libre Belgique détient-elle des informations inédites sur ce drame ? Ce faisant, elle sème le doute, renforçant ainsi les propos de madame De Keyser, qui prête à Israël une intention délibérée de saboter les efforts d’Abbas en vue de former un gouvernement d’union nationale.

Je me permets, à mon tour, d’émettre des doutes sur ce procédé qui sous-entend des conclusions avant même les résultats de l’enquête. Et sans que soit prouvé quoi que ce soit.

Mme De Keyser continue dans cette ligne de pensée en développant une théorie selon laquelle Israël chercherait, coûte que coûte, à empêcher l’établissement d’un gouvernement fiable du côté palestinien [3]. Comme si Israël avait intérêt à ce que le chaos continue à régner et à ce qu’une guerre civile éclate entre les différentes factions palestiniennes [4]. Une telle accusation mériterait d’être plus élaborée, les lecteurs étant en droit d’apprendre quel intérêt Israël pourrait en retirer. Etant israélienne, j’ai franchement du mal à y voir un intérêt quelconque. Bien au contraire.

Ces spéculations n’ont visiblement pas été de nature à empêcher les Palestiniens de se rapprocher, ce week-end, de l’idée d’un gouvernement d’union plutôt technocrate.

Ce dernier développement, du côté palestinien, montre justement que l’opinion exprimée par madame De Keyser correspond très peu à la réalité sur le terrain. La réaction israélienne à Gaza est venue non parce qu’on voudrait empêcher la formation d’un gouvernement fiable, mais parce que le gouvernement en place ne fait rien pour empêcher les tirs constants de roquettes contre la population israélienne, que madame De Keyser ne prend même pas la peine de mentionner. L'absence flagrante de toute référence au terrorisme est tout aussi éloquente [5].

La ministre des Affaires étrangères, Tsipi Livni, a déclaré, devant l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre dernier, que, si les négociations entre le Hamas et M. Abbas aboutissent à un gouvernement qui renonce à la terreur, qui reconnaît les accords de paix antérieurs ainsi que le droit d’Israël d’exister en sécurité, une relance des négociations sera possible. Ehud Olmert dans un entretien publié dans le quotidien palestinien, Al-Qouds, le 13 novembre 2006, réaffirme les mêmes principes.

Les déclarations de ces derniers jours de plusieurs responsables palestiniens sont, quant à elles, tout à fait explicites et sans aucun sous-entendu. Aucun programme caché, chez le Hamas, qui persiste à afficher son refus de reconnaître Israël.

Mme De Keyser, si prompte à dénoncer l’unilatéralisme du désengagement de Gaza, n’hésite pas à demander un cessez-le-feu unilatéral, puisque la violence est imputée uniquement à la partie israélienne, et ce en totale contradiction avec les réalités sur le terrain.

Jeter constamment l’opprobre sur Israël en lui prêtant des intentions cachées, déresponsabiliser les dirigeants palestiniens, appeler en outre à des sanctions, tout cela ne s’inscrit certainement pas dans une démarche constructive et susceptible de relancer le processus de paix.

Carmela Shamir
Porte-parole
Service d'Information
Ambassade d'Israël en Belgique et au Luxembourg
www.ambisrael.be
__________
Notes de la Rédaction d’upjf.org
* Véronique De Keyser est députée européenne PSE et présidente du Mouvement de la Gauche Européenne Socialiste. Elle a dirigé la mission européenne d'observation des élections législatives de janvier 2006, en Israël. On peut lire sa biographie sur son site Internet.

[1] C’est l’éventualité qu’évoque explicitement le 'chapeau' de l’article de Mme De Keyser, "Cessez-le-feu immédiat" : "Faut-il geler les accords de coopération de l'Union européenne avec Israël gouverné notamment par l'extrême droite ?".
[2] Voir le 'chapeau' de l’article : "Dès que la paix semble à portée de main, le processus est sabordé. Hier, par une "erreur" de tir israélien." Les guillemets qui affectent le mot "erreur" sont de la Rédaction de La Libre Belgique.
[3] Témoin cet autre passage : "Ce bain de sang ne peut se comprendre que parce que les négociations sur un gouvernement palestinien d'union nationale étaient relancées avec des chances d'aboutir. Les Etats-Unis ne veulent pas de ce gouvernement. Et les Israéliens non plus. "
[4] Pour Mme De Keyser, tout est de la faute d’Israël. Pire, selon elle, c’est "intentionnellement" que l’Etat hébreu fait échouer le processus de paix. Témoins ces propos : « …Abbas a toujours martelé qu'il n'accepterait un gouvernement d'union nationale que si ce dernier reconnaissait les accords de paix antérieurs et le droit à la sécurité de l'Etat d'Israël. Les attaques sanglantes sur Gaza, ce week-end dernier, rendent intentionnellement quasi impossible cet acte de reconnaissance. »
[5] Mme De Keyser, qui ne fait pas dans la nuance, va jusqu’à accuser les Américains de fomenter une guerre civile palestinienne : "Mieux encore. Les Etats-Unis proposent à Mahmoud Abbas de le soutenir et de l'appuyer - d'armer les troupes qui lui sont loyales en leur fournissant des milliers de fusils transitant par l'Egypte. Pour tirer sur qui ? Sur les Israéliens ? Non, bien sûr : sur le Hamas. Une guerre civile fomentée en toute transparence devant une opinion européenne muette."

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