vendredi 4 mai 2012
Graves désaccords entre Juifs belges francophones et flamands
Le journal américain Jewish Telegraphic Agency (JTA) s'est penché sur les profondes différences et divisions entre les communautés juives belges qui se déclinent sur des bases linguistiques et qui reflètent également les divisions politiques et culturelles qui traversent le pays. Nous avons traduit et adapté des passages de l'article de Cnaan Liphshiz (In Belgium, national rupture spreads to Jews):
Une rupture s'est produite récemment entre les Juifs belges néerlandophones et francophones, chaque communauté comptant environ 20.000 membres. Elle a mis au grand jour de profondes divergences idéologiques entre les deux communautés, en particulier sur Israël.
En mars la Belgique voté en faveur d’une commission d’enquête en Cisjordanie au Conseil des Droits de l’homme à l’ONU. La Belgique fut le seul pays de l'Union européenne avec l'Autriche à adhérer à cette initiative. [Note: à l'instar de la communauté flamande, Oskar Deutsch, le président de la communauté juive autrichienne (bien plus petite car ne comptant qu'environ 8.000 membres), avait sévèrement critiqué la décision de son pays. On remarquera également que le Dr. R. Trau, Président du B’nai B’rith Anvers, a adressé une lettre de protestation au ministre des Affaires étrangères Didier Reynders déplorant l'acharnement anti-israélien de la diplomatie belge - ce ne fut pas le cas du B’nai B’rith Bruxelles.]
Les communautés juives flamande et francophone ont pendant longtemps approché les autorités fédérales ensemble. Mais sur le vote sur l'ONU, les deux communautés se sont dissociées.
Le Forum des organisations juives (FJO) qui représente la communauté flamande, après avoir rencontré la ministre de la Justice, fait savoir par un communiqué que "la communauté juive a été choquée et consternée" par le vote.
En revanche, les Juifs de langue française, représentés par le CCOJB, n'ont pas condamné le vote de la Belgique. Au lieu de cela, le président du CCOJB qui a été reçu par un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères déclare que les relations belgo-israéliennes sont "chaleureuses et franches". Et ajoute que le ministère "regrette que certains exploitent des critiques belges à l’encontre d’aspects ponctuels de la politique israélienne pour importer le conflit en Belgique et au travers d’amalgames participer au développement de l’antisémitisme".
"La réunion au ministère des Affaires étrangères se serait déroulée différemment si nous avions été invités", a déclaré Eli Ringer, président honoraire du Forum basé à Anvers, à la JTA. Il a noté que le CCOJB, l'organisation représentant les francophones, a récemment accueilli un membre de JCall, un groupe de gauche juive qui se décrit comme pro-israélien, mais qui est également critique du gouvernement israélien. JCall s'est inspiré de JStreet aux Etats-Unis. "J'espère que nous pourrons à l'avenir parler d'une seule voix au niveau fédéral", a ajouté Ringer.
Ce n'est pas le premier désaccord entre les deux communautés juives belges. En décembre, Eli Ringer critiqua le CCOJB qui avait invité à un dîner de gala un politicien belge francophone qui avait assimilé Israël et nazisme. [Note: même ce dîner, qui est calqué sur le dîner annuel du CRIF, n'a pas pu être organisé avec le Forum...]
Joël Rubinfeld, l'ancien président du CCOJB, affirme que les deux organisations ont atteint le point d'une "bagarre ouverte" et que les relations "n'ont jamais été pires". Son successeur au CCJOB,Maurice Sosnowski, a refusé d'être interviewé par JTA.
Les Juifs d'Anvers et de Bruxelles sont différents. Les Juifs d'Anvers ont tendance à être plus religieux, plus soudés et plus combatifs dans la défense d'Israël, alors que leurs coreligionnaires bruxellois sont plus libéraux. [...]
Michael Freilich, rédacteur en chef d'un magazine juif de premier plan, Joods Actueel, affirme que les deux communautés vivent dans deux univers politiques distincts. [...]
"Le problème, c'est qu'il y a des personnes à Bruxelles qui pensent encore que ceux qui parlent français constituent une élite et que ceux qui parlent flamand sont des provinciaux", a déclaré Ringer.
La présidente du Forum, Kouky Frohmann-Gartner, s'est exprimée en termes plus crus en octobre à Joods Actueel: "Ceux de Bruxelles pensent qu'ils sont meilleurs".
Néanmoins Elie Ringer reste optimiste quant à l'avenir des relations entre les Juifs de Belgique. "Chaque fois que la communauté de Bruxelles élit un nouveau président, elle décide qu'elle va représenter l'ensemble des Juifs belges. Puis ils dépassent ce stade. Nous sommes une petite communauté qui a besoin de travailler ensemble pour surmonter les défis similaires auxquels nous sommes confrontés."
Une rupture s'est produite récemment entre les Juifs belges néerlandophones et francophones, chaque communauté comptant environ 20.000 membres. Elle a mis au grand jour de profondes divergences idéologiques entre les deux communautés, en particulier sur Israël.
En mars la Belgique voté en faveur d’une commission d’enquête en Cisjordanie au Conseil des Droits de l’homme à l’ONU. La Belgique fut le seul pays de l'Union européenne avec l'Autriche à adhérer à cette initiative. [Note: à l'instar de la communauté flamande, Oskar Deutsch, le président de la communauté juive autrichienne (bien plus petite car ne comptant qu'environ 8.000 membres), avait sévèrement critiqué la décision de son pays. On remarquera également que le Dr. R. Trau, Président du B’nai B’rith Anvers, a adressé une lettre de protestation au ministre des Affaires étrangères Didier Reynders déplorant l'acharnement anti-israélien de la diplomatie belge - ce ne fut pas le cas du B’nai B’rith Bruxelles.]
Les communautés juives flamande et francophone ont pendant longtemps approché les autorités fédérales ensemble. Mais sur le vote sur l'ONU, les deux communautés se sont dissociées.
Le Forum des organisations juives (FJO) qui représente la communauté flamande, après avoir rencontré la ministre de la Justice, fait savoir par un communiqué que "la communauté juive a été choquée et consternée" par le vote.
En revanche, les Juifs de langue française, représentés par le CCOJB, n'ont pas condamné le vote de la Belgique. Au lieu de cela, le président du CCOJB qui a été reçu par un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères déclare que les relations belgo-israéliennes sont "chaleureuses et franches". Et ajoute que le ministère "regrette que certains exploitent des critiques belges à l’encontre d’aspects ponctuels de la politique israélienne pour importer le conflit en Belgique et au travers d’amalgames participer au développement de l’antisémitisme".
"La réunion au ministère des Affaires étrangères se serait déroulée différemment si nous avions été invités", a déclaré Eli Ringer, président honoraire du Forum basé à Anvers, à la JTA. Il a noté que le CCOJB, l'organisation représentant les francophones, a récemment accueilli un membre de JCall, un groupe de gauche juive qui se décrit comme pro-israélien, mais qui est également critique du gouvernement israélien. JCall s'est inspiré de JStreet aux Etats-Unis. "J'espère que nous pourrons à l'avenir parler d'une seule voix au niveau fédéral", a ajouté Ringer.
Ce n'est pas le premier désaccord entre les deux communautés juives belges. En décembre, Eli Ringer critiqua le CCOJB qui avait invité à un dîner de gala un politicien belge francophone qui avait assimilé Israël et nazisme. [Note: même ce dîner, qui est calqué sur le dîner annuel du CRIF, n'a pas pu être organisé avec le Forum...]
Joël Rubinfeld, l'ancien président du CCOJB, affirme que les deux organisations ont atteint le point d'une "bagarre ouverte" et que les relations "n'ont jamais été pires". Son successeur au CCJOB,Maurice Sosnowski, a refusé d'être interviewé par JTA.
Les Juifs d'Anvers et de Bruxelles sont différents. Les Juifs d'Anvers ont tendance à être plus religieux, plus soudés et plus combatifs dans la défense d'Israël, alors que leurs coreligionnaires bruxellois sont plus libéraux. [...]
Michael Freilich, rédacteur en chef d'un magazine juif de premier plan, Joods Actueel, affirme que les deux communautés vivent dans deux univers politiques distincts. [...]
"Le problème, c'est qu'il y a des personnes à Bruxelles qui pensent encore que ceux qui parlent français constituent une élite et que ceux qui parlent flamand sont des provinciaux", a déclaré Ringer.
La présidente du Forum, Kouky Frohmann-Gartner, s'est exprimée en termes plus crus en octobre à Joods Actueel: "Ceux de Bruxelles pensent qu'ils sont meilleurs".
Néanmoins Elie Ringer reste optimiste quant à l'avenir des relations entre les Juifs de Belgique. "Chaque fois que la communauté de Bruxelles élit un nouveau président, elle décide qu'elle va représenter l'ensemble des Juifs belges. Puis ils dépassent ce stade. Nous sommes une petite communauté qui a besoin de travailler ensemble pour surmonter les défis similaires auxquels nous sommes confrontés."
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