Le Soir a fait paraître une tribune de Bichara Khader, Professeur à l’Université Catholique de Louvain, intitulée Novembre 1947-novembre 2007: la Nakba qui n’en finit pas. Celle-ci peut être lue comme un aveu d’impuissance. Les griefs sont les mêmes inlassablement égrenés depuis des décennies: l’implantation d’un état non musulman sur un sacrosaint territoire arabe, le misérabilisme, la charge contre Israël et les juifs, l’innocence des Palestiniens, le bon juif (Ilan Pappé) qui soutient la thèse de "épuration ethnique" (alors que 20% de la population israëlienne est d’origine arabe), la culpabilisation et le dénigrement de l’Occident et en particulier de l’Europe éternelle coupable de Shoah, l’instrumentalisation de la Shoah ("droit prioritaire à la compassion") par les juifs, manipulation des médias, etc. etc. M. Khader fait preuve de créativité sémantique en ajoutant un nouveau terme au lexique de la martyrologie palestinienne: leur "dé-existence". Que seul un lecteur du Soir se soit donné la peine de réagir, et encore mollement, atteste de la lassitude qui a fini par s’installer "Dès le second paragraphe de votre article, on sait à quoi s'en tenir... On connaît les bon et aussi les méchants". Omission de la guerre que les armées arabes ont livrée à Israël en 1948. Elle aparaît plus loin dans le texte mais désignée comme "combats". "Les guerres de Suez (1956), des "Six-Jours" (juin 1967), d’octobre 1973, et l’invasion israélienne du Liban (1982-2000), ainsi que la colonisation des Territoires occupés de Palestine et de Syrie, ne sont que les épisodes les plus sanglants de ce conflit. ... Le partage de la Palestine en 1947 a été à l’origine d’un immense exode palestinien. Deux tiers de la population sont jetés sur les routes de l’exil: 770.000, dont 380.000 avant même la proclamation de l’État d’Israël, le 15 mai 1948. Sont-ils partis de leur plein gré ou poussés à l’exil ? La question aujourd’hui ne fait plus débat : les historiens ont tranché. On sait maintenant grâce aux travaux des historiens palestiniens et des nouveaux historiens israéliens qu’il y a eu, en Palestine, une véritable "purification ethnique", pour utiliser le terme de l’historien israélien Ilan Pappé." Les virtuoses de la ruse, de l’argument fallacieux, de la manipulation et de la "mythologie". "Pendant longtemps, Israël a prétendu le contraire, en fabriquant une mythologie de l’innocence israélienne. Et les médias occidentaux, pendant longtemps, ont répercuté cette mythologie: ces Palestiniens sont partis pour fuir les zones de combat, ils l’ont fait sans contrainte, d’ailleurs répondant à l’appel des dirigeants arabes. Bref, les Palestiniens, victimes, seraient seuls responsables de leur malheur. … La réalisation du rêve sioniste d’un État des Juifs nécessitait, dès lors, le déplacement forcé de la population arabe. D’où la tragédie des réfugiés palestiniens qui demeure l’épicentre du conflit. En d’autres termes, la victoire d’Israël a reposé sur la dé-existence palestinienne. Voici pour les faits têtus: on a beau user de toutes les ruses pour tordre le cou à la vérité, en égrenant des arguments fallacieux, l’histoire réelle finit par avoir le dessus sur l’usage instrumental de l’histoire." L’Occident est coupable et complice à la fois: il a osé implanter un État non arabe "sur un territoire arabe". "Dans cette Nakba palestinienne, l’Occident ne peut pas se laver les mains: en rendant possible l’implantation de l’État d’Israël sur un territoire arabe, puis en avalisant, par le silence, la complaisance ou la complicité active, la dilatation de cet État qui s’est approprié 78 % de l’espace palestinien et qui continue, en 2007, en dépit de toutes les résolutions des Nations unies, à occuper, coloniser et assiéger les 22 % restants, l’Occident a cru se décharger, à bon compte, d’un immense sentiment de culpabilité. ... Toutes les tentatives de faire disparaître les Palestiniens de leur champ de vision, de les fondre dans le corps arabe ou d’étouffer leur cri de liberté, ont lamentablement échoué. ... Israël ne peut plus adopter la posture de la victime, légitimant, par les épreuves subies pas le passé, un droit prioritaire à la compassion, au point d’oublier ou de feindre d’oublier que depuis trois générations, les Palestiniens vivent un désastre sans nom et ne rêvent que d’une chose si simple et si difficile : la liberté." Extraits repris du site du Soir |
vendredi 23 octobre 2009
Bichara Khader et la "dé-existence" palestinienne
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