lundi 2 août 2010
Le Soir et Dieudonné : un journalisme poubelle sans icône
Nous avons évoqué à plusieurs reprises la curieuse fascination qu'on éprouve en Belgique francophone pour l'humoriste français Dieudonné (cliquer ICI, et en particulier Triste triste Ecolo: Carine Russo fan de Dieudonné).
Source: Agence Diasporique d'Information (ADI)
Richard Kalisz a adressé au Soir un commentaire critique relatif à la couverture démesurée accordée par ce grand quotidien à l'antisémitisme, à l'antisionisme et au négationnisme de Dieudonné [Dieudonné, la croisade du bouffon, par Pascal Martin, envoyé spécial à Paris - l'article était accompagné de plusieurs photos de l'humoriste] alors qu'il ne réserve qu'une portion congrue au décès de Maxime Steinberg [Maxime Steinberg laisse son héritage à l’Histoire, par Marc Metdepenningen], l'historien de la complicité de l'Etat belge dans la Shoah. Convaincu que la rédaction en chef du Soir ne publiera pas son texte, il a demandé à l'ADI de la diffuser.
De retour de voyage ce samedi 24 juillet, je retrouve ma lecture quotidienne du journal Le Soir. Est-ce bien le même journal ? Quel choc : deux pages complètes sur Dieudonné. Et pour quelle actualité ? Un nouveau spectacle dans le théâtre qu’il a dû se payer et pour "une poignée de représentations". Aucun spectacle produit à Avignon, même à la cour d’honneur n’a eu …cet honneur. Et s’il vous plaît, avec un envoyé spécial à Paris !
Mais quelle est donc votre politique éditoriale ? Je sais, il y a une chose que les hommes politiques et les journalistes ont en commun, c’est de ne pas supporter le critique, ou en tous les cas, quand ils sont dans l’erreur de ne pas la reconnaître ou de trouver à la justifier d’une manière ou l’autre. Je ne me fais donc aucune illusion sur votre capacité à publier ma protestation. Mais quelque part, il faut bien que les choses soient dites.
Comment avez-vous pu céder à la tentation d’inscrire ce personnage, dénué de scrupule et ayant perdu tout talent, dans une série intitulée "Icônes trash", de surcroît en le sacrant "star" de sa catégorie. De qui est-il l’icône ? Et savez-vous seulement ce qu’icône veut dire ? Il s’agit d’une image sainte et vénérée. Et cette image peut se renverser de manière satanique. Encore faudrait-il qu’elle ait une envergure comme par exemple celle du Marquis de Sade. Mais que vaut celle-ci qui distille des phrases même pas drôles comme celle que vous relevez : "…tout ça pour une histoire de chambre à gaz". Vous répondrez que vous avez voulu un article critique. Soit. Mais quelle place incroyablement disproportionné, quelle vitrine inespérée (aucun journal de France n’en parle !) et quelle légitimation en définitive, pour un individu sinistre qui a perdu tout humour dès le moment où il s’est retrouvé sans son ancien comparse juif, Elie Semoun, et qu’il en tiré la conclusion que la faute c’était l’autre, c’est-à-dire le Juif.
Par ailleurs, comment avez-vous pu sur-titrer : "la croisade du bouffon" ?! C’est traîner dans la boue et dégrader cette notion même qui a toute sa noblesse. Oserais-je vous rappeler que le bouffon est celui qui fait la grimace en divertissant le roi pour avoir la possibilité de dire la vérité. Demander à Shakespeare ce qu’il en est. Et chez nous, à Claude Semal. Mais dans ce cas ci…On a dit d’Hitler qu’il était aussi un peintre raté. Est-ce que cette non-carrière mérite qu’on s’y attarde comme celle de ce non humoriste ? Aurons-nous droit prochainement à deux pages sur Degrelle dans une série "superstar" ou à un Hitler en "icône trash" pour avoir écrit le plus grand best seller de tous les temps avec son souhait annoncé "d’exterminer tous les juifs" ... qui n’est jamais qu’une histoire de chambres à gaz.
Comme le monde contemporain se trouve orphelin d’icônes, la presse croit pouvoir vendre du papier pour la poubelle de l’Histoire. Tant pis si elle joue avec le feu et les ordures. Et fait passer la camelote pour de l’or.
Mais ressaisissez-vous, bon dieu ! Hier encore, l’immense historien Maxime Steinberg n’avait droit en vos pages qu’à trois minuscules colonnes pour signifier sa perte, alors que sa contribution pour la mise en lumière des faits sur la complicité administrative belge dans la déportation et sur la complaisance des notables juifs pendant la deuxième guerre mondiale, a été décisive et unique. Mais lui, il n’est ni trash, ni bouffon. Non : bien trop sérieux pour un grand article dans les médias.
A quoi sert donc un journalisme qui trempe et qui tombe dans la confusion des valeurs ?
Et qui va chercher dans l’égout sa matière culturelle en son cahier de l’été. Triste tropique. Allons, cela vaut bien une carte blanche…
Source: Agence Diasporique d'Information (ADI)
Richard Kalisz a adressé au Soir un commentaire critique relatif à la couverture démesurée accordée par ce grand quotidien à l'antisémitisme, à l'antisionisme et au négationnisme de Dieudonné [Dieudonné, la croisade du bouffon, par Pascal Martin, envoyé spécial à Paris - l'article était accompagné de plusieurs photos de l'humoriste] alors qu'il ne réserve qu'une portion congrue au décès de Maxime Steinberg [Maxime Steinberg laisse son héritage à l’Histoire, par Marc Metdepenningen], l'historien de la complicité de l'Etat belge dans la Shoah. Convaincu que la rédaction en chef du Soir ne publiera pas son texte, il a demandé à l'ADI de la diffuser.
De retour de voyage ce samedi 24 juillet, je retrouve ma lecture quotidienne du journal Le Soir. Est-ce bien le même journal ? Quel choc : deux pages complètes sur Dieudonné. Et pour quelle actualité ? Un nouveau spectacle dans le théâtre qu’il a dû se payer et pour "une poignée de représentations". Aucun spectacle produit à Avignon, même à la cour d’honneur n’a eu …cet honneur. Et s’il vous plaît, avec un envoyé spécial à Paris !
Mais quelle est donc votre politique éditoriale ? Je sais, il y a une chose que les hommes politiques et les journalistes ont en commun, c’est de ne pas supporter le critique, ou en tous les cas, quand ils sont dans l’erreur de ne pas la reconnaître ou de trouver à la justifier d’une manière ou l’autre. Je ne me fais donc aucune illusion sur votre capacité à publier ma protestation. Mais quelque part, il faut bien que les choses soient dites.
Comment avez-vous pu céder à la tentation d’inscrire ce personnage, dénué de scrupule et ayant perdu tout talent, dans une série intitulée "Icônes trash", de surcroît en le sacrant "star" de sa catégorie. De qui est-il l’icône ? Et savez-vous seulement ce qu’icône veut dire ? Il s’agit d’une image sainte et vénérée. Et cette image peut se renverser de manière satanique. Encore faudrait-il qu’elle ait une envergure comme par exemple celle du Marquis de Sade. Mais que vaut celle-ci qui distille des phrases même pas drôles comme celle que vous relevez : "…tout ça pour une histoire de chambre à gaz". Vous répondrez que vous avez voulu un article critique. Soit. Mais quelle place incroyablement disproportionné, quelle vitrine inespérée (aucun journal de France n’en parle !) et quelle légitimation en définitive, pour un individu sinistre qui a perdu tout humour dès le moment où il s’est retrouvé sans son ancien comparse juif, Elie Semoun, et qu’il en tiré la conclusion que la faute c’était l’autre, c’est-à-dire le Juif.
Par ailleurs, comment avez-vous pu sur-titrer : "la croisade du bouffon" ?! C’est traîner dans la boue et dégrader cette notion même qui a toute sa noblesse. Oserais-je vous rappeler que le bouffon est celui qui fait la grimace en divertissant le roi pour avoir la possibilité de dire la vérité. Demander à Shakespeare ce qu’il en est. Et chez nous, à Claude Semal. Mais dans ce cas ci…On a dit d’Hitler qu’il était aussi un peintre raté. Est-ce que cette non-carrière mérite qu’on s’y attarde comme celle de ce non humoriste ? Aurons-nous droit prochainement à deux pages sur Degrelle dans une série "superstar" ou à un Hitler en "icône trash" pour avoir écrit le plus grand best seller de tous les temps avec son souhait annoncé "d’exterminer tous les juifs" ... qui n’est jamais qu’une histoire de chambres à gaz.
Comme le monde contemporain se trouve orphelin d’icônes, la presse croit pouvoir vendre du papier pour la poubelle de l’Histoire. Tant pis si elle joue avec le feu et les ordures. Et fait passer la camelote pour de l’or.
Mais ressaisissez-vous, bon dieu ! Hier encore, l’immense historien Maxime Steinberg n’avait droit en vos pages qu’à trois minuscules colonnes pour signifier sa perte, alors que sa contribution pour la mise en lumière des faits sur la complicité administrative belge dans la déportation et sur la complaisance des notables juifs pendant la deuxième guerre mondiale, a été décisive et unique. Mais lui, il n’est ni trash, ni bouffon. Non : bien trop sérieux pour un grand article dans les médias.
A quoi sert donc un journalisme qui trempe et qui tombe dans la confusion des valeurs ?
Et qui va chercher dans l’égout sa matière culturelle en son cahier de l’été. Triste tropique. Allons, cela vaut bien une carte blanche…
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