dimanche 11 décembre 2011

Le dessinateur français Guy Delisle se déchaîne contre Israël dans un journal belge

"Il est hallucinant de constater que personne ici ne voit que la route reste à sens unique…"
"Il n’y a que l’Alliance française qui n’a pas baissé les bras. Pour parler de ce que je connais, c’est plus difficile de monter une exposition de bande dessinée à Gaza qu’en Corée du Nord! Vu de l’extérieur, ça peut paraître anecdotique mais je pense que c’est important de montrer que les Palestiniens peuvent s’intéresser à autre chose qu’au terrorisme." [Pas un mot sur les maître de Gaza: le Hamas!]
Photo: Ambiance entre hommes à Gaza, un homme enterre sa vie de célibataire à la veille de son mariage.

Source: Le Soir.  Le cynisme et la brutalité de cette interview est à comparer avec celles que Guy Delisle a accordées au Figaro ou à Rue 89.  Il faut lire ce qu'il dit sur les "colons" et Hébron! Extraits:

"Guy Delisle file sa femme dans les missions de Médecins sans frontières. Incognito, il en profite pour noircir des coups de crayon contre les mesquineries du quotidien, la répression, la dictature… [...] Son nouveau livre, Chroniques de Jérusalem, arpente la ligne de démarcation du conflit israélo-palestinien. Entre les check-points, Delisle bouscule les tabous politiques et religieux pour regarder la réalité en face et en rapporter le sens au lecteur. Ce BD-reportage chamboule les clichés.
Vous n’avez pas eu peur d’être dépassé par les enjeux politiques et religieux de ce conflit inextricable ?
Tous les conflits sont compliqués. Je voulais expliquer la situation sans signer une thèse politique qui aurait plombé le lecteur. Je me suis concentré sur les problèmes des colonies, des religions et des petites conneries que tout cela suscite au quotidien. J’étais là-bas avec des membres d’organisations humanitaires plutôt à gauche. Cette sensibilité transparaît. Je me suis, par exemple, baladé aux check-points avec quelqu’un qui faisait du monitoring pour montrer ce qui ne va pas dans le fonctionnement du pays. Ce que j’ai vu était affligeant d’injustice. On peut toujours ergoter sur la réalité des choses, parler de négociations là où, sur le terrain, on voit un peuple qui attend simplement de pouvoir vivre librement. Actuellement, les Palestiniens ne contrôlent rien dans leur pays.

Vous nous emmenez parmi les colons israéliens prendre possession des maisons de Palestiniens expulsés. Difficile de garder de la distance critique dans ce genre de situation ?
Rien n’est fait au hasard. La colonisation des territoires palestiniens obéit à un plan développé année après année. Jérusalem est comme un fer de lance enfoncé dans la Cisjordanie. Les Palestiniens observent de nouvelles occupations de territoires tous les jours. Cela ressemble à un jeu de Go chinois avec des pions noirs et blancs. Les noirs entourent les blancs et les absorbent ! Je suis arrivé à Jérusalem quand Obama avait réveillé l’espoir des Palestiniens. Mais ça n’a rien donné de concret pour les gens qui vivent là-bas. Il est hallucinant de constater que personne ici ne voit que la route reste à sens unique… [...]

"C’est pareil avec la scène de l’esplanade des mosquées, à Jérusalem. Une page de bande dessinée suffit à expliquer la dimension spirituelle de ce lieu dont l’espace et l’architecture aspirent à la paix. Je pourrais encore citer le Saint-Sépulcre. Quand on voit les bagarres entre chrétiens orthodoxes, apostoliques, catholiques romains… pour la gestion du tombeau du Christ, ça fait pitié!

Un chapitre de votre livre raconte comment l’Alliance française tente de monter des expos de BD à Gaza. Il n’y a rien de plus urgent à faire là-bas ?
La culture est le seul truc qui nourrit l’esprit humain. Il n’y a que l’Alliance française qui n’a pas baissé les bras. Pour parler de ce que je connais, c’est plus difficile de monter une exposition de bande dessinée à Gaza qu’en Corée du Nord ! Vu de l’extérieur, ça peut paraître anecdotique mais je pense que c’est important de montrer que les Palestiniens peuvent s’intéresser à autre chose qu’au terrorisme.


Votre description des colons israéliens et de la complaisance du gouvernement à leur égard est rude. Ce que vous avez vu à Hébron vous a secoué? [Pour une analyse non-caricaturale sur la situation à Hébron, lisez The future of Hebron's Jewish past, parMelanie PhillipsJewish Chronicle, 01/12/2011]
Sur place, la situation est ubuesque. On se demande ce que les colons font là dans leur rue barricadée. J’ai accompagné des membres de Breaking the silence, une association qui présente en ce moment une expo photo sur l’occupation israélienne à Bruxelles(1). Puis, j’ai fait une autre visite avec les colons. Si on les écoute, ils incarnent le miracle israélien qui fait pousser des oliviers dans le désert. Le problème, c’est que ces oliviers ont déjà plus de 50 ans ! Je parle aussi des «colons sauvages». Ils vivaient sous la tente. Le monde entier en a parlé. Netanyahou avait promis de démonter la tente. Le lendemain, quand les caméras étaient parties, elle était remontée ! Quelques semaines après, l’armée installait l’eau et l’électricité. On promet de geler les implantations mais ce ne sont que des mots.

Vos chroniques ne sont pas toutes noires. Vous explorez l’autre face des territoires palestiniens, là où il est possible de faire la fête, au Snowbar de Ramallah…
Beaucoup de gens vont boire le coup à Ramallah plutôt qu’à Jérusalem-Est. Le Snowbar est un super-coin avec des sofas, un petit DJ local, une piscine. Ramallah, c’est le Tel Aviv de la Cisjordanie mais la ville est sous perfusion israélienne. Si le robinet aux subsides est coupé, c’est terminé demain. En même temps, plus de 80 % des produits vendus en Cisjordanie sont importés d’Israël. Si les transferts de fonds s’arrêtaient, ce serait gênant pour l’économie israélienne. C’est un bon résumé du cynisme de la situation. Tout n’est jamais noir ou blanc."  [Tiens, nous n'y avons lu que du noir...]
(1) « Breaking the silence », Halles de Schaerbeek, jusqu’au 17 décembre, tous les jours sauf lundi, 22a rue Royale Sainte-Marie, 1030 Bruxelles. www.halles.be

On fait la fête dans le "mouroir" de Gaza

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