L'élection de Barak Obama suscita un enthousiasme exagéré et naïf. On s'empressa d'interpréter certaines de ses prises de position au début de son mandat comme un lâchage d'Israël. Alors même que l'émissaire américain dans la région, George Mitchell, contrairement aux politiciens européens trop enclins aux bavardages, incarne le parfait diplomate, faisant preuve d'une discrétion absolue, les commentateurs interprétaient, glosaient et jubilaient. Leur joie fut de courte durée et l'amertume actuelle est à la hauteur de leurs espoirs passés de voir Israël lâché, c'est-à-dire à son comble.
Dans La Libre Belgique d'hier Jérôme Jamin, philosophe, politologue et chercheur à l’Université de Liège, règle son compte à l'Amérique, aux Clinton (Bill et Hilary), au "jeune Walker Bush" (!) et bien entendu à Obama. Vaste programme de démolition.
Obama : le passé d’une illusion "[...] On pourrait penser que tout ce qui précède est une question de temps mais des décisions dans d’autres domaines laissent au contraire présager une continuité à long terme avec les années Bush. Ainsi, les Palestiniens risquent de ne jamais pardonner au Président Obama les propos d’Hillary Clinton annonçant qu’en définitive, après réflexion, le gel des constructions dans les colonies n’était finalement plus une condition préalable à la reprise du dialogue entre Israël et l’Autorité palestinienne. Ce choix politique est pénible pour toux ceux qui pensaient sérieusement que des changements étaient désormais possibles dans cette région du monde. Et dans le même registre, les accusations de partialité de la Maison-Blanche au sujet du rapport Goldstone sont également choquantes pour tous ceux qui militent en faveur des droits de l’homme et de la paix au Moyen-Orient. Le rapport dénonce les terribles violations du droit de la guerre par Israël et le Hamas dans la bande de Gaza l’hiver dernier. Ces critiques de l’administration au sujet du rapport évoquent un mépris vis-à-vis d’un nombre considérable d’organisations occidentales qui avaient, dès le début, dénoncé les drames vécus par la population sur un territoire minuscule dont il était impossible de s’enfuir.
Lorsque le prix Nobel de la paix évoque la notion de "guerre juste" au nom d’une morale de l’usage de la force, on ne peut s’empêcher de faire un certain nombre de rapprochements avec son prédécesseur qui ne bénéficiait pas du même soutien populaire en Europe. Et lorsque le président Obama étend discrètement l’axe du mal de George Walker Bush (Corée du Nord, Iran et Irak) à de nombreux nouveaux pays (Yémen, Nigeria, Somalie, etc.) accusés de soutenir directement ou indirectement le terrorisme, on reste dans la même phraséologie mais dans sa version "progressiste". La seule tentative d’attentat dans l’avion de la compagnie Northwest Airlines (fin décembre) a suffi pour qu’Obama rappelle que la nation était en guerre contre un réseau étendu de haine et de violence, et qu’il ferait tout ce qu’il devait faire pour les vaincre.
On pourrait balayer d’un revers de la main ce qui précède en disant qu’Obama doit composer avec les erreurs de son prédécesseur, mais il faudrait pour cela avoir au préalable indiqué que le jeune Walker Bush avait dû lui-même composer avec l’héritage de son prédécesseur. En effet, les attentats du 11 septembre ont montré que Bill Clinton n’avait visiblement pas tiré beaucoup de leçons de la première attaque contre le World Trade Center au début de son premier mandat en 1993, soit 8 ans avant les attaques de 2001.
On pourrait aussi balayer d’un revers de la main ce qui précède en disant qu’Obama ne peut pas faire beaucoup plus que ses prédécesseurs, et ce serait sans doute vrai! Car Obama n’est pas très différent de ses prédécesseurs. Et à ce titre, le jeune président va regretter le mythe qui lui colle désormais à la peau."
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